Opération Capelan, au rattrapage

Avant de crier victoire, il est toujours plus prudent de vérifier que les objectifs sont bien atteints.

La sécurisation du Capelan est le projet phare de notre association. Il aura fallu des années de réflexion et de concertation avec la municipalité et 2 phases de travaux pour que l’idée devient réalité.

La réhabilitation du site naturel, un pari toujours d’actualité

Le projet CAPELAN, tel que nous l’avions préconisé et ainsi conditionné par la DDTM (1), impliquait 3 dimensions :
• un recul du sentier pour une double mise en sécurité : des promeneurs et du site sensible ;
• une végétalisation naturelle : accompagnement d’une reprise végétale spontanée) ;
• une communication pédagogique transversale tout au long des opérations pour informer et sensibiliser les habitants.

Bilan 2019

Aujourd’hui, le recul du sentier littoral est effectif et offre désormais un passage plus sécure pour les sportifs et promeneurs de tout poils. Face à une érosion menaçante, et même critique sur cette portion du littoral, ce recul était la phase la plus urgente.

Nous nous réjouissons de sa réalisation, pourtant notre constat reste très mitigé. Cette seule étape achevée est bien loin de respecter le projet qui ne vaut que dans son intégralité pour respecter ses objectifs.

> une érosion toujours en marche

La végétation, loin d’être favorisée, a été arrachée à la pelleteuse pour le dessin du nouveau chemin Ouest en début d’année. Et aucune protection (ganivelles) n’a été installée sur la partie Sud déjà reculée.
Sans couvert végétal, le processus d’érosion du sol est toujours à l’œuvre selon les mêmes mécanismes : piétinement > compactage du sol > action de l’eau et du vent > déficit sédimentaire.
Ce ne sont pas les pierres qui remontent à la surface, mais la terre qui est emportée…
L’action mécanique de l’érosion est à l’œuvre, sans cesse, et ne pourrait être ralentie que par le ré-équilibrage fonctionnel du sol. La biodiversité est là un allié précieux pour retrouver cet équilibre.

> un respect paysager insatisfaisant

La qualité esthétique du Capelan a toujours eu un énorme pouvoir magnétique sur ses habitants. De la pointe Encanet à la presqu’île, la terre de Bandol a façonné ici un concentré de paysage méditerranéen aux couleurs des pins, de roche calcaire, de sol argileux et d’eaux turquoises qui séduit immanquablement.

BANDOL – Mémoire en images, de Nicole Guillot-Soupez, page 10

Le caractère sauvage et naturel du site a été revendiqué par des générations de cartes postales qui en ont vanté la beauté, même en noir et blanc.

Le paysage présenté par le sentier côté presqu’ile est actuellement apprivoisé et contenu entre 2 linéaires de grillages. Cette présence parasite une perspective sur le rêve et la pleine conscience de nature de ce site remarquable. Le résultat n’est donc pas encore satisfaisant.

Nous continuerons donc à exiger le respect et la mise en œuvre de la réhabilitation écologique de ce site exceptionnel qui ne peut se contenter d’une intervention a minima. Le cadre naturel du Capelan mérite mieux.

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(1) L’accord de la DDTM stipule le respect du caractère naturel du site : “Dans la mesure où ce projet permet de laisser la falaise évoluer naturellement, de favoriser l’aspect naturel du site par la mise en œuvre de barrières végétales et de ganivelles pour leur protection, de sécuriser le sentier naturel en le déportant de quelques mètres en arrière de la falaise dans les terrains communaux, je vous donne mon accord sur le principe des solutions adoptées.” extrait courrier DDTM du 28 Août 2017.