Le Capelan : l’autre vitrine de Bandol

Bandol a deux visages.

D’un côté le port, la ville et ses boutiques. Mais Bandol a aussi un caractère plus sauvage, sculpté de calcaire et coloré par la cime verte des pins.

Le Parc du Capelan est le cœur de ce Bandol-là.

L’endroit n’a pas toujours été un espace boisé classé (EBC). Il n’y a pas si longtemps, le Parc communal était un camping. Lieu privilégié entre tous avec son magnifique panorama et sa calanque protégée du Mistral par la Presqu’île, c’était un site débordant de vie. En 1986, le camping cède la place au club de tennis municipal et la partie boisée est classée EBC en tant qu’espace naturel remarquable du fait de la loi Littoral.

Petite rétrospective

Bien au-delà notre mémoire collective vivante, cette partie littorale à l’Ouest de la nouvelle commune de Bandol était appelée alors le Cros du Capelan et n’a qu’un seul habitant : c’est le lieu de résidence de monsieur Louis David. Le quartier du Capelan est rattaché tardivement à la commune de Bandol en 1750, peu après les quartiers du Canet et de la Rouargue. (source Max Moutte*)

Le début du XXe siècle marque la grande période de l’essor balnéaire. Lieu de prédestination des pêcheurs depuis toujours, le Capelan est aussi le nom d’un petit poisson benthique de couleur cuivrée, qui ressemble au mulet, et dont les alevins viennent grandir en banc à l’abri des côtes rocheuses.

Dans les années 50, l’anse du Capelan accueille aussi les petites embarcations, barcasses et autres… pour la pêche ou le loisir. De grosses pierres sont disposées sommairement et servent de digue pour un petit port improvisé, tendance spontanée des usagers qui perdure encore de nos jours. Idéalement protégée, l’anse du Capelan est un abri naturel à l’heure où les bateaux ont encore le droit de côtoyer les nageurs.

Dans les années 70, le plastique remplace le bois des petites embarcations et la plage annexée par les campeurs voisins sert à la fois pour le stationnement des bateaux et la baignade. Elle sera même un temps recouverte de sable. Le tombolo est nourri pour rattacher la presqu’île. Deux restaurants surplombent la plage.

Icône de la ville, ce site remarquable est alors très fréquenté et figure sur de nombreuses cartes postales illustrant le littoral bandolais.

Une image mentale forte

Aujourd’hui chaque Bandolais a le Capelan inscrit dans une partie de sa vie, associé à une activité, une habitude ou un souvenir.

Au fil des années, les contours du Capelan ont changé. Tandis que de nouveaux arbres grandissent, l’érosion, la fréquentation et l’urbanisation vont encore modifier ce paysage. Il est urgent de préserver ce cœur de nature qui reste encore sur notre littoral. Le sentier littoral, le parc communal, la calanque et la presqu’île représente une entité naturelle rare à Bandol qui mériterait toutes les attentions.

La largeur du chemin est mangée chaque année un peu plus et les balustrades de bois se rapprochent du vide. La nécessité de reculer le tracé du sentier nous semble désormais une évidence. Une restauration écologique douce du sol et de la végétation pourra rétablir les fonctionnalités de stabilisation de la falaise sur le long terme.

 

Quant au Parc, mangé dans sa partie boisée par les aires bétonnées des jeux pour enfants, installées sans méthode ni souci d’économie de surface (le comble dans un EBC !), il pourrait gagner à être considéré intégralement comme une pinède maritime exceptionnelle !

Prenons de la hauteur ! Des solutions existent pour valoriser notre patrimoine naturel littoral tant prisé. Ça serait dommage de s’en priver !

 

 

* Pour plus d’infos sur l’évolution du littoral de Bandol par Max Moutte : http://www.bandol.eu/anses-baies-calanques-de-bandol-en-3-siecles-depuis-1715-evolution-du-littoral-de-bandol.html