Coup de force au Capelan

Concertation, transparence, paysage et bien public… des mots qui avaient une étrange résonance ce matin au parc du Capelan. Une poignée de Bandolais venus à la première heure sur le site, en réclamant une autorisation d’urbanisme des travaux en vue de la création du parking payant annoncé à l’intérieur de l’enceinte, ont fini par être délogés, dans le calme, après un impressionnant déploiement de la force publique.

Pas moins de 2 voitures de police municipale, 3 voitures de la police nationale, des officiers de PJ en arme, et même un commandant, se sont déplacés dans le paisible parc du Capelan pour assurer l’entrée des engins de chantier face à quelques habitants.

Bandol est en train de sacrifier ses derniers espaces naturels sur l’autel du pragmatisme facile et de la pression urbaine. Tous les prétextes sont bons, et valent mieux qu’un parc public ou qu’un paysage emblématique, à en croire une partie des élus.

Si le principe de compensation en matière d’atteinte environnementale est bien connu, en revanche les 2 autres principes généraux qui sont en priorité “éviter”, et “réduire” sont souvent ignorés.

Ces principes ne datent pourtant pas d’hier puisque c’est la loi-cadre de protection de la nature de 1976 qui en avait jeté les bases. En 2012, le ministère de l’Ecologie avait publié une doctrine relative aux impacts sur le milieu naturel devant être un outil pour les maîtres d’ouvrage, leurs prestataires et les services de l’Etat, résumée par la séquence dite ERC : «éviter, réduire et compenser». Tout projet doit en premier lieu s’attacher à éviter les impacts sur l’environnement, puis, à défaut, à les minimiser et, en dernier lieu en cas de besoin, à compenser les impacts résiduels.

Récemment conforté par la loi pour la Biodiversité (Code de l’environnement, dernière modification du 9 juin 2018), ce principe fondamental en aménagement de l’environnement est surtout une base méthodologique.

Mais ici, rien de tout ça. Pas plus que de recherche d’alternative (cf les récentes Assises de la mobilité durable en vue de la future Loi d’orientation des mobilités), ou d’aménagement spécifique… Aujourd’hui, le rapport de force a prévalu sur les demandes de dialogue, plusieurs fois réitérées par notre association, et sur les considérations de préservation de cette zone naturelle. Nous avons rêver d’un sentier littoral réhabilité et sécurisé, jouxtant un parc revalorisé. Le maire impose une zone de stationnement. Nous avons projeté le développement durable d’un capital littoral déjà fortement érodé. Notre message n’a pas été compris. La méthode laisse un goût amer.

Au-delà du discours raisonné, ce soir, de nombreux Bandolais pleurent la perte du seul espace naturel en bord de mer épargné de l’omniprésence des voitures. Demain, le paysage ne sera plus le même.