Bandol vaut bien un poème !

Bandol_hier et aujourdhui_JeandesBruyeres_1921
Archives de Max Moutte

Bandol

Hier et Aujourd’hui

En ce temps-là, Bandol, vrai désert cahotique
Restait inviolé; pas un vestige humain.
Seuls les flots émoussaient ses rocs, sa côte antique
Le sol était inculte et vierge le chemin.

Au large, dans le noir, des barques de corsaires
Sillonnaient la Grand’ Bleue, en quête d’un butin,
Croisaient sans aborder, ces rives solitaires
et fantômes de la nuit, s’éclipsaient au matin.

Mais un jour… remontons cinq siècles en arrière.
C’était au bon vieux temps, temps de la Poule au pot !
De la royale cour survint un émissaire
et Bandol endormi s’éveillait aussitôt.

Alors ce fut partout comme une féerie
Un soleil rutilant sur des flots toujours bleus
Un climat aussi doux qu’un beau mois de Marie
Le paradis terrestre, un coin béni des dieux !

De toutes parts on vit les mimosas, les roses,
La tulipe, l’œillet, les narcisses, l’iris
Toute une floraison de corolles écloses
Encerclant les villas de parterres fleuris.

L’eucalyptus géant aux tiges odorantes
En mêlant ses rameaux aux flèches des palmiers
Tempérait du soleil les flammes dévorantes
Et l’on rêvait d’amour comme au sein des ramiers !

Ah ! quel exquis pays de la belle Provence,
Et comme on y respire un air sain, un air pur  !
Comment ne pas aimer cette petite France
Ce vestibule, Eden de la Côte d’Azur !

Dans un cadre enchanteur apparaît ton village,
Bandol ! Et tu séduis tes visiteurs de choix
On chercherait, en vain, plus riant paysage
C’est la reine des mers, cette station de rois !

Par ton charme prenant, le front des plus moroses
S’épanouit soudain, redevient radieux
Les plus sombres pensers vont place aux rêves roses
Tu gagnes tous les cœurs par tes flots et tes cieux !

Avril 1921
Jean des Bruyères