Un quai… à l’Ouest

Le prochain gros chantier bandolais à venir devrait être le confortement du quai Ouest, du côté du stade.

Annoncés initialement pour le mois de juillet 2020, puis en dernières nouvelles repoussés à octobre 2020, les travaux n’ont toujours pas commencé.

Une urgence déjà ancienne

Depuis un diagnostic en 2006 établissant la vétusté des structures suivi d’une inspection le confirmant en 2013, l’urgence soudaine (suite à la rupture de la panne A en automne 2018) de la réalisation de travaux de réfection des pannes A et B (effectués au printemps 2019), avait été retenue comme motif de dérogation à une évaluation environnementale !

En 2013 déjà, l’état du quai du stade avait été jugé préoccupant et sa restauration annoncée dans le journal de la Sogeba à l’époque de la réfection de la panne C. Indépendamment de tout projet grandiose, la nécessité d’une réfection imputable à l’ancienneté de cet aménagement des années 60 n’est donc pas une nouveauté.

Amorce d’une vaste opération de transfiguration

Le projet de réfection du quai Ouest, relevant d’une procédure d’autorisation au cas par cas, ne fera pas non plus l’objet d’une étude d’impact !

Cela est d’autant plus regrettable que ce confortement est désormais mis en étroite relation avec ce qu’il est convenu d’appeler “le grand projet” de cette mandature 2020-2026, dont en premier lieu la construction d’un ensemble de commerces annoncée dans la communication municipale : “En prévision des travaux d’aménagement des surfaces du terre-plein Deferrari en arrière du quai Ouest pour la création d’un projet de développement commercial, la commune de Bandol et la société SOGEBA (gestionnaire du port) souhaitent procéder à la rénovation de ce quai”.

Considérant en cumul les proportions de ces chantiers envisagés en littoral, on aurait pu s’attendre à une concertation citoyenne… Tout porte à croire que, comme ce fut le cas pour la réhabilitation à l’Est (quai De Gaulle), celle de la partie Ouest du port sera scindée en plusieurs chantiers distincts pour éviter, une fois encore, les délais et les contraintes d’une étude d’impact.

Ce chantier comporte pourtant une phase de travaux très comparable à un dragage : extraction de macro-déchets, turbidité, transport de sédiments pollués… ainsi formulé dans le cerfa déclaratif : ” le risque des travaux est la formation d’un panache turbide provenant de la mise en suspension des sédiments, notamment lors de la phase de battage des palplanches”“le panache turbide pouvant être généré par les travaux, peut impacter la qualité des eaux de baignade”,…” le projet engendrera l’extraction et l’évacuation de macro-déchets. Un Schéma d’Organisation et de Gestion de l’élimination des Déchets sera élaboré”.

Dans le cadre d’auto-évaluation de la déclaration (ci-dessous), la municipalité a estimé pouvoir se dispenser d’une étude d’impact. La dérogation a été accordée.

Extraits du cerfa de demande de travaux

La nécessité du confortement du quai Ouest, déjà dans les tuyaux administratifs depuis bien longtemps, pourrait servir de prélude…

Quid du projet ?

Il n’y aura donc pas de consultation publique. En guise d’information, les quelques lignes en page 9 du journal municipal restent peu précises : que nous dit-on ?

  • Réhausse altimétrique du quai pour une adaptation de l’évolution du niveau de la mer et coordination à un projet de développement commercial en arrière (bâtiment commercial).
  • Il est également prévu une réhausse du quai jusqu’à une côte de +1,05m.

Une réhausse de combien ? A partir de quel niveau ? Va-t-on surélévever le quai de 1m ?
Nous sommes allés chercher plus loin…

UN NOUVEAU QUAI
PLUS HAUT
– Le plan du projet ci-dessous déposé à la DREAL donne plus d’indications sur les proportions de la réhausse du quai : on passerait d’un niveau actuel de 0,75m NGF à 1,05m NGF avec maintien d’un dévers (1%), soit une côte supérieure à l’existant de 30 cm.

Extrait du dossier de la DREAL

PLUS LARGE – Le futur quai sera donc plus haut mais aussi plus large avec + 0,90 cm d’emprise nouvelle sur le plan d’eau. Ces changements de proportions du quai expliquent donc que les liaisons existantes avec les pannes A, B, C, D et E devront être réadaptées.

La lecture de la demande d’examen au cas par cas préalable à la réalisation éventuelle d’une évaluation environnementale est aussi plus disserte et comporte quelques informations sur les mesures qui seront envisagées pour faire face aux nuisances : de bruit, de transport des matériaux ou du risques de pollution des eaux, telles que

  • Plages horaires de travaux de 7h30 à 18h30 pour limiter les nuisances de bruit (!)
  • Plan de circulation des engins de chantiers sur le territoire communal avec accès règlementé sur la voirie (réduite à 2 voies sur le quai De Gaulle).

Quid des risques d’inondation/submersion ?
30 cm : trop ou pas assez ?

A défaut de toute autre communication pour l’instant, des interrogations germent déjà dans nos petites têtes curieuses :

– un réhaussement du quai de 30 cm condamnant ainsi l’évacuation pluviale du parking situé en léger contre-haut, comment l’eau des prochaines pluies et submersions sera-t-elle vidée ?

Zoom sur la zone portuaire, classée en aléa “faible”

– Le porter-à-connaissance complémentaire de l’aléa submersion marine (PAC de mars 2019), présenté au dernier conseil municipal lors du rapport du syndicat des communes littorales varoises (SCLV), préconise une hauteur minimum de 2 m NGF pour les constructions et de “seulement” 1,50 m NGF pour les quais.
Vu sous cet angle, la réhausse à 1,05 m NGF, inférieure à la recommandation de 1,50 m, apparait dès lors un peu mesquine.
Pourquoi ne pas prendre en compte ces précautions pour le long terme ?

Sans concertation des habitants, sans réelle étude d’impact, ni prise en compte des risques littoraux pour ce nouveau chantier, le chemin vers un développement durable de la ville s’annonce encore long.